Xinjiang et Karakoram highway - 15 jours en Chine

La bouteille de Sinkiang glacée à la main, on constate d'abord que vélo et bière ne font pas toujours bon ménage, puis on réalise qu'on est arrivés en Chine. On a laissé derrière nous le massif des Pamirs, et devant nous s'ouvre une vallée haute en couleurs et aux formations rocheuses surprenantes.

 

Un an et 12000 kilomètres de rencontres, d'asphalte, de poussière arrosée de thé et ponctuée de ''Salam Aleikum''. Ca fait effectivement huit mois qu'on se balade en terre d'Islam, plus ou moins convaincue, et ce n'est pas encore fini. Nous venons d'entrer dans la région autonome du Xinjiang, continuité de l'Asie Centrale en Chine, et où les laghmans et les manty kirghizes sont toujours sur les cartes des restos.

L'entrée dans Kashgar est étrange. On s'attend à visiter un carrefour de la route de la soie, où les caravanes trimballaient épices et étoffes, mais nous voilà au pied des buildings chinois bariolés de néons de toutes les couleurs.

Pour trouver ce qu'il reste du centre historique, il faut suivre les panneaux ''Id Kah, scenic and cultural area'', et je m'imagine déjà un quartier de plastique aux murs fraîchement repeints. Et je ne me trompe pas. Il ne reste que deux rues, derrière la mosquée Id Kah, où les artisans continuent de fabriquer les vêtements traditionnels ou les instruments de musique, pour le plus grand bonheur des touristes chinois qui viennent tirer le portrait des Ouygours armés de leurs énormes appareils photo.

Le rouleau compresseur chinois a encore frappé, et n'est pas prêt de s'arrêter. Aux dires de certains touristes venus à Kashgar il y a quelques années, la vitesse de destruction et de reconstruction est impressionnante.

Heureusement, on fait de belles rencontres dans la guesthouse de la vieille ville. Affalés sur les coussins, on partage nos histoires de voyage et on fait des plans sur la comète. On rencontre ici Marion et Michaël, qui viennent du Cambodge à vélo, et qui prévoient de partir au Pakistan. Leur visa chinois se terminant, ils se dirigent vers la sortie, et on les retrouvera de l'autre côté de la frontière.

Les cyclos qui arrivent du Tadjikistan sont affamés. Après plus d'un mois sans voir une épicerie vendant des trucs à manger (aux dires de certains), ils ont le sourire jusqu'aux oreilles et se ruent sur le moindre étalage offrant à manger. Verdict : le Tadjikistan, c'est beau mais ça donne faim!

 

On est quand même contents de pouvoir percevoir des bribes de culture chinoise. On est éberlués devant les immenses rayons du supermarché et on se gratte la tête en se demandant ce que ça peut être que ce truc emballé sous vide dans du plastique. Le mooncake festival arrivant, les étalages de biscuits tous plus lourds les uns que les autres fleurissent sur les trottoirs. Ne nous demandez pas ce que c'est que ce festival, on n'a pas bien compris...

 

Avec deux mois de visa chinois sur notre passeport, on pourrait faire un joli tour en Chine, mais l'objectif c'est l'Inde, et le Pakistan est la seule porte d'entrée aujourd'hui. Cette année, beaucoup voulaient entrer en Inde par le Tibet et le Népal. Mais face aux contrôles draconiens du gouvernement chinois, beaucoup ont laissé tomber, et quelques-uns s'y sont cassé les dents. On quitte donc Kashgar après avoir soigné nos indigestions, et on va se chauffer les pneus sur l'asphalte de la légendaire Karakoram Highway!

La route entre dans une gorge aux couleurs chatoyantes, et longe la rivière. On ne peut que lever la tête devant les sommets enneigés, culminant à plus de 7500 mètres. En arrière du lac Karakul, Mutzagh Ata donne le vertige. Le point le plus haut est 5000 mètres plus haut que nous, ça fout les boules...!

On traverse des villages kirghizes et tadjiks, on passe le col à 4100 mètres, et on redescend vers Tashkorgan. A partir de là, plus question de continuer à vélo. Les chinois (encore eux!) l'interdisent. On doit donc impérativement prendre le bus, d'autant plus que la frontière ferme demain, et ce pour sept jours.

On arrime les vélos sur le toit, et on s'entasse au fond du bus, au milieu des cartons et des paquets. La route serpente sur le plateau avant d'entamer la courte ascension pour le col de Khunjerab, 4655 mètres. Dommage que les vélos soient sur le toit!