Pas beaucoup de vélo, pas beaucoup de Serbie

Passage de frontière sous un ciel gris et des champs à perte de vue, une légère bruine, du vent, et la vague impression d'être en Belgique! On entame notre séjour serbe dans un no man's land. Pas de village à 20 kilomètres à la ronde, et une plaine interminable, drainée par la Sava, la Drina et le Danube.

On se faufile entre les gouttes jusqu'à Sremska Mitrovica. A la tombée de la nuit (à 16h), on cherche un lieu de camp, et on trouve finalement l'accueil chaleureux d'une famille. Certes les conversations sont limitées, mais on se débrouille avec le peu de vocabulaire qu'on a acquis, et les mains qui deviennent notre deuxième langue. Les gestes, les sons, les onomatopées deviennent nos meilleurs outils. Heureusement, en Serbie, la langue reste la même, ou presque, mais maintenant on doit se mettre à l'alphabet cyrillique, et c'est pas de la tarte.

 

A Novi Sad, Miloš nous accueille merveilleusement bien. On sort, on boit des coups, on discute, on partage sur nos voyages respectifs. Comme lui, toute la Serbie se réjouit de l'arrivée du 19 décembre. Cette date représente un renouveau pour les Serbes ainsi que pour les Monténégrins et la Macédoniens qui pourront enfin voyager dans l'espace Schengen, sans avoir besoin de visa.

C'est aussi intéressant d'écouter les points de vue des serbes à propos de la guerre. En lisant 'coup de gueule contre les calomniateurs de la Serbie', on comprend un peu comment les médias français, américains, allemands ont diabolisé les serbes et la Serbie. Dans cette guerre, il y a eu des morts et des pratiques douteuses des deux côtés.

 

Entre deux bureks on visite la forteresse datant de l'époque austro-hongroise, et qui accueille chaque été le festival EXIT, et on marche le long du Danube. On assiste à quelques concerts, plus (Orchestre international du Vetex) ou moins (groupe de punk-rock pré-adolescent) à nos goûts. Couchsurfing est définitivement un superbe moyen de rencontrer des gens en voyageant, et même en restant chez soi.

 

On en profite pour faire réviser nos vélos par un pro de chez pro, Petar. En cas de besoin, un jour qui sait, n'hésitez pas à lui rendre visite! C'est un excellent mécano, amoureux des vélos, et bon marché. Ils ne nous a même pas fait payer la main d'oeuvre, mais juste les pièces. Coordonnées sur son site: www.prosports.rs

 

Notre chemin nous emmène ensuite à Belgrade. La ville est grisâtre, et sent l'ancien régime communiste à plein nez. Avec ses 2,5 millions d'habitants, la ville est immense et peut faire peur. A Belgrade nous avons testé pour vous l'amabilité des fonctionnaires, et je dois dire qu'ils n'ont rien à envier à leurs homonymes français! Les soirées sont un peu plus animées entre ballet, concert et quelques rencontres heureuses, dont celles de Raghu et Tamara. On rencontre aussi Guilhem et Gaëlle, deux voyageurs français qui terminent un merveilleux voyage : à pied et en stop de l'Asie Centrale vers la France. Un voyage improvisé qui vaut bien un détour sur leur blog.

 

Bien au chaud dans l'auberge de jeunesse, on planifie la suite de notre itinéraire. Le Danube devrait nous emmener jusqu'en Bulgarie, où nous sommes attendus pour le 20 décembre ; joli programme. Mais voilà, on nous l'avait promise mais on ne l'attendait plus : la neige est arrivée. Ici quand il neige ça ne rigole pas, et la ville se retrouve enveloppée dans 50 centimètres de neige immaculée, légère, et bien emmerdante. C'est joli la neige, mais ça fout nos plans en l'air.

 

Du coup le nouveau programme c'est de prendre le bus pour Niš, au sud-est du pays. On se présente à la gare, mais à cause d'une grève, le train a été annulé. Il nous reste le bus. Billet en main, on se présente devant la soute avec nos vélos chargés, et le chauffeur nous regarde une seconde, pour nous répondre un 'non' sec. A force d'insister, on finit par faire rentrer tout notre bordel. Et le chauffeur nous tend la main pour nous demander 10€. Pas de chance pour lui, on n'a plus un rond en poche.

 

On arrive finalement à monter dans le bus, et on débarque à Niš, où Nikola, Nenad et Blanche-Neige (encore couchsurfing) nous accueillent et nous font apprécier la ville (mais pas ses rock-stars).

 

La neige bloque toujours les routes et rend la circulation à vélo trop dangereuse. On doit accélérer même si ça veut dire qu'on ne profitera pas de la Serbie autant qu'on l'aurait voulu. On choisit cette fois le train.

Avec deux heures d'attente sur le quai par -7°C, et une heure d'attente dans le train, on bouge enfin. Là encore le contrôleur essaye de se faire quelques euros en nous demandant de payer pour les vélos. Etant donné qu'on quitte la Serbie on a ni Dinars serbes, ni euros. Il se contente d'un billet de 10 marks de Bosnie (5 euros quand même) et nous fout la paix. Passage de frontière, et le contrôleur bulgare s'y met. Même topo : pas de dinars, pas d'euros, et pas de Levo bulgares. Il est agacé mais nous laisse tranquille (heureusement qu'il avait un coup de rakia dans le nez).

Finalement, nous arrivons à Sofia avec 3h30 de retard, il fait nuit et il fait froid, la langue est différente, et tout, je dis bien TOUT, est écrit en cyrillique. L'aventure continue!